mercredi, mars 06, 2013

pour des légumes à la place du gazon


 nous tous, vous avez certainement suivi les péripéties entourant la saga de ce couple de Drummondville qui a eu maile à partir avec les autorités municipales parce qu'ils ont fait un potager à l'avant de leur maison.

Heureusement comme on a pu le constater, ils se sont vite attiré la sympathie de la population, ce qui a joué en leur faveur.  À cela je dis Bravo mais aussi et surtout, emboîtons-leur le pas ! Car il faut mousser l'intérêt populaire pour inciter les administrations municipales à se pencher sur la question et amorcer une réflexion qui les amène à légiférer sur la chose.

Personnellement, ça fait belle lurette que je trouve insensé de gaspiller autant d'efforts et de ressources (temps et argent) pour faire pousser puis entretenir du gazon, une espèce végétale qui ne se mange pas et ne nous procure rien d'autre qu'un certain flatte-bedaine du genre "ma pelouse est plus belle que la tienne"! 

J'ai donc commencé, il y a quelques années, à réduire progressivement la portion gazonnée, tant en façade et sur le côté qu'à l'arrière de la maison, en y aménageant de petits ilôts d'arbustres et de fleurs parmi lesquels j'intercalle quelques légumes et je fais la même chose avec les plate-bandes qui prennent de plus en plus d'importance à mesure que j'en modifie le rôle. Résultat, il y a des plants de poivron, de tomates ou de fèves qui côtoient les hémérocalles, géraniums et hostas. Croyez-moi, ça fait joli !

C'est mon potager fleuri ! Et sachez que cela passe pratiquemnet inaperçu. Il faut vraiment que les passants soient observateurs pour déceler que dans les mini-massif floraux, il n'y a pas que les fleurs qui donnent des couleurs mais aussi les poivrons jaunes, les tomates cerise et les aubergines mauves !

Mon objectif n'est évidemment pas d'atteindre l'autarcie alimentaire, quoique vous devriez voir la quantité de tomates de différentes sortes que nous donnent les 5 à 6 plants répartis ici et là, (2 en avant, 1 sur le côté et 3 en arrière, près de la piscine). Mais notre objectif premier, c'est d'abord et avant tout pour nous faire plaisir qu'on le fait. 

Ça commence par le plaisir de planter au printemps, ensuite de les voir pousser et apparaître les fleurs en juin qui feront ensuite place aux fruits ou légumes selon le cas. À partir de juillet mais surtout en août, c'est la jouissance d'aller casser une poignée de fèves vertes et jaunes, de les cuire puis les savourer, chaudes, avec du beurre... Ou alors d'aller cueillir une tomate, la trancher, sel et poivre, puis… miam, miam !

Bien sûr, quand je parle de cela avec les gens, leur première réaction est à l'effet qu'ils n'ont absolument pas le temps de s'occuper de cela. Mais certains deviennent songeur quand on leur fait réaliser qu'ils en font autant pour les fleurs et leur pelouse de toute façon.

À ceux qui s'attardent à l'argument économique, ils diront avec raison que le jeu n'en vaut pas la chandelle puisque le moment de la récolte coïncide avec la période ou ces produits de la ferme sont le moins chers en magasin. C'est tout à fait vrai. Mais le plaisir de savourer une tomate ou un concombre que vous avez fait grossir grâce à vos soins, et que vous allez chercher vous-mêmes sur le plant, cela mes amis, ça n'a pas de prix.

D'autant plus que vous êtes certain qu'il n'y a pas eu d'engrais chimiques ni d'insecticides qui ont été utilisés pour stimuler sa croissance. Ça non plus, cela n'a pas de prix. Et comment décrire le plaisir d'initier nos petits enfants aux processus de la nature, de voir leurs yeux s'écarquiller devant des talles de petites tomates cerises.

Il y a là dedans un mélange de fierté et je dirais d'émotion, oui d'émotion, de sentir qu'on se rapproche un peu des processus de vie, de la chaîne alimentaire, etc. Également parce que cela nous amène à être plus attentif aux variations de température (période de pluie ou d'ensoleillement, de sécheresse, etc) donc nous incite à porter plus attention aux variations du milieu dans lequel on vit de plus en plus artificiellement. 

Quand on aborde ce sujet avec les gens, leur premier réflèxe est très souvent de dire qu'ils ont trop d'ouvrage, qu'ils n'ont pas le temps de s'occuper de cela, etc. Ce n'est pas nécessairement exact car ce n'est pas tellement plus accaparant que d'entretenir une pelouse, des haies et des plate-bandes de fleurs car tout cela doit aussi être arrosé, entretenu, sarclé, taillé et émondé sans quoi on se retrouve vite avec un devant de porte en friche.

Il y a donc plusieurs cordes sensibles à faire vibrer pour amener les gens à souhaiter faire un tel virage mais il me semble qu'à l'approche du printemps, le timing serait bon d'autant plus que le sujet a fait les manchettes et qu'il serait facile de le relancer avec les moyens dont vous disposez.

Encore faut-il commencer par déterminer les paramètres de telles initiatives car il va de soi que personne ne souhaite se retrouver avec un voisin qui transforme sa devanture en champs de blé d'inde !

Mais il me paraît évident qu'un changement de perceptions serait souhaitable.