mercredi, février 08, 2006

POUR UNE CULTURE DE PRÉVENTION DU BURNOUT

Alors que se termine le Forum International sur la Santé en Milieu de Travail tenu à la mi-juin dans le cadre de la 11e conférence de Montréal, on ne peut qu’espérer que certaines présentations auront mis en lumière l’urgence de valoriser socialement une politique de prévention du burnout afin mettre un terme aux trop nombreuses tergiversations en la matière.

D’entrée de jeu, on conviendra que le stress est de plus en plus présent dans nos vies et qu’il débouche trop souvent sur des problèmes graves comme le burn-out et/ou le désarroi personnel et professionnel, le premier étant directement lié à la définition de tâche (surcharge de travail) alors que le second est plus conjoncturel et résulte davantage de tensions découlant soit de la culture corporative ou de l’ambiance du milieu, fusse-t-il professionnel ou autre.

Mais dans un cas comme dans l’autre, les personnes affligées s’en trouvent sérieusement affectées, avec tous les inconvénients qui s’en suivent. Il y a en premier lieu l’individu qui est ébranlé et s’en trouve sérieusement hypothéqué, tant au niveau de l’estime de soi que de sa forme physique.

Forcé de prendre du repos, il mettra souvent plusieurs mois à s’en remettre ( une vitalité qui aurait pu être utilisée à meilleur profit si on avait su prévenir et ainsi éviter qu’il n’en arrive à ce point). Le second inconvénient, non négligeable celui-là non plus, concerne les pertes encourues par l’employeur.

Absentéisme au travail et ses coûts

Les impacts négatifs du stress et du burnout représentent des enjeux majeurs pour les entreprises car ils sont lourds de conséquences, ne serait-ce qu’au niveau des coûts de l’absentéisme qui en résulte.

Une étude menée par le groupe conseil AON révèle que leurs coûts directs sont de 6% de la masse salariale alors que les coûts indirects occasionnés par la perte de productivité, l’embauche et la supervision du personnel de remplacement, les heures supplémentaires et autres incommodités font gonfler la facture à près de 20 % de la masse salariale de l’entreprise. Et tout cela sans compter les impairs possibles au niveau de la communication avec la clientèle.

Pour se faire une idée de l’étendue du problème, notons que le temps de travail moyen perdu à cause du stress chez nos voisins du sud a augmenté de 36% depuis 1995. Sur 550 millions de journées de travail perdues chaque année chez eux, 54% proviendraient des impacts du stress.

Quant à nous, alors que 39% des Canadiens considéraient en 1997 leur milieu de travail comme étant une source majeure de stress, la proportion de ceux qui disaient la même chose était passée à 50% en 2001. Et alors qu’en 1985, les demandes d’invalidité avec diagnostic d’anxiété représentaient 11% de toutes les demandes, elles s’élevaient déjà 29% en 1998. Qui oseraient prétendre que les choses se sont amélioré ces dernières années ?

Globalement, les coûts sociaux attribuables aux problèmes qu’on regroupe présentement sous le vocable de « santé mentale au travail » seraient de plus de $20 milliards/an au Canada alors qu’on les évalue à près de $4 milliards/an pour le Québec à lui seul.

Cela vaudrait donc la peine d’y voir ! Et pourtant, les entreprises hésitent à faire de la prévention. Pourquoi ? La réponse est relativement simple. L’expérience démontre que dès qu’on parle d’urgence de faire de la prévention en matière de burnout, on rencontre énormément de résistances et ce, tant de la part des individus que des entreprises.

Le syndrome « pas dans ma cour »

Même si tout le monde reconnaît les méfaits du burnout, la majorité des gens disent ne pas se sentir personnellement à risques. En fait, on admet que le problème existe, mais.. pour les autres et non pas pour soi. D’ailleurs, 95% des gens qui ont fait un burnout affirment après coup qu’ils n’avaient jamais cru que cela puisse leur arriver à eux.

Comment expliquer ce genre de réaction ?

D’une part, bon nombre de performants se disent qu’à partir du moment où ils acceptent d’examiner leur rythme de vie, ils devront se rendre à l’évidence et considérer les impacts possibles de leur niveau de stress sur leur système nerveux et l’ensemble de leur organisme. Pour plusieurs, ils savent fort bien que cela viendrait confirmer ce que leur médecin leur répète depuis déjà longtemps mais... on se doute bien de la suite de ce genre de monologue !

D’autre part, bien des gens hésitent à adopter des mesures préventives de peur que cela soit interprété par leur entourage comme un aveu de faiblesse, ce qui pourrait nuire à leur cheminement de carrière. Bien que ce raisonnement puisse paraître quelque peu alarmiste, on doit convenir qu’il reflète une certaine réalité corporative car dans bien des milieux, ceux qui parlent toujours en termes de 110% sont très valorisés.

D’ailleurs les entreprises ne sont pas très chaudes à l’idée d’implanter des programmes de prévention de burnout elles non plus, ne serait-ce que parce qu’elles tiennent à inspirer confiance à l’externe en projetant l’image d’une équipe forte et dynamique. À l’interne, dans bien des cas, on croit préférable d’éviter de réveiller le chat qui dort, d’où les réserves à admettre de tels besoins.

D’autant plus qu’avec leurs PAE (programme d’aide aux employés) conçus pour soutenir et aider les gens qui vivent des difficultés comme un burnout, plusieurs sociétés considèrent bien s’acquitter de leurs devoirs en ce sens qu’elles ne laissent pas leurs soldats blessés au devoir gémir sur le champs de bataille ; on tient à préciser qu’on s’occupe d’eux en leur fournissant les soins appropriés.

Malheureusement, quand quelqu’un en est rendu à ce point, c’est qu’il est trop tard, le mal est fait ; il aurait fallu intervenir avant, par de la prévention. De toute évidence, la culture corporative n’a pas encore intégré le principe qu’il « vaut mieux prévenir que guérir» en matière de burnout.

On doit toutefois convenir à sa décharge que les valeurs véhiculées dans nos sociétés modernes sont loin de les inciter à agir en ce sens.

Éléments de la problématique

Tout d’abord, il y a présentement un modèle de gestion très à la mode qui veut qu’on s’emploie à offrir les services qui répondent aux besoins exprimés par la clientèle. Or, puisqu’on sait que les gens font tout en leur possible pour éviter ou à tout le moins repousser au maximum toute demande de consultation face à leur crainte de faire un burnout, il est évident qu’on ne pourra jamais juger de la nécessité d’implanter un tel programme de prévention à partir de ce critère d’évaluation.

Non seulement les gens cherchent-ils à garder le secret face à leur problème mais plusieurs voudront aussi camoufler leurs démarches pour s’en sortir (j’ai déjà reçu en consultation des gens qui préféraient assumer seuls leur traitement plutôt que de présenter des reçus d’honoraires bien qu’ils avaient droit à un remboursement par leur plan d’assurance au bureau, par crainte que cela se sache).

Autre volet de la problématique, le statut précaire du burnout comme entité clinique. D’une part, il n’est pas reconnu comme une « maladie assurable » mais on y réfère présentement comme une problématique de Santé Mentale (avec les dépressions, etc.), ce qui n’est rien pour inciter les gens à s’y identifier.
Et comme d ’autre part ses paramètres sont mal circonscrits, il est compréhensible que les entreprises usent de réserve face à ce qui pourrait s’avérer une boite de Pandore. Bref, une certaine prudence s’impose, mais pas au point d’en nier l’importance ni de minimiser le sérieux de la situation.

des résistances surmontables

Comme on le constate, il y a plusieurs niveaux de résistance ici et là, ce qui n’est rien de nouveau. Est-il besoin de rappeler que dans les années ’50, aucun employeur aurait accepté d’investir dans un programme d’aide pour des problèmes d’alcoolisme chez son personnel (même pas chez les cadres). On alléguait qu’il s’agissait là de problèmes personnels dans lesquels l’employeur ne devait pas s’immiscer.

Or aujourd’hui, non seulement tenons-nous un discours absolument contraire mais on l’a même élargi à l’ensemble des problèmes de toxicomanie, y compris le tabagisme. Qui plus est, chose impensable il n’y a pas si longtemps, non seulement les entreprises fournissent-elles un support aux gens qui veulent arrêter de fumer mais on ne se gêne pas pour inciter les gens à délaisser la cigarette.

pour une culture préventive du burnout

Comment se fait-il que ce genre d’interventionnisme jadis abhorré ne nous répugne plus ? Et surtout, comment en est-on venu à ce que le milieu corporatif s’y implique d’une manière aussi dynamique ?

Il est évident que rien de tout cela n’eut été possible sans un important changement des mentalités au profit de valeurs telles que la santé et l’importance de notre qualité de vie.

Or, ces transformations ne nous sont pas tombées du ciel pas plus qu’elles ont surgies comme par magie de notre inconscient collectif ! Après de multiples débats sur la place publique, il faut voir qu’on a collectivement fait certains choix de société qui nous honorent et on a ensuite préparé le terrain à leur implantation.

Notons toutefois que rien de tout cela n’eut été possible sans l’affirmation expresse d’une volonté politique, non seulement de mettre de l’avant de telles valeurs, mais surtout d’en favoriser la concrétisation en incitant tous les milieux à y participer. C’est ce qui s’est traduit par la mise en place des campagnes de prévention que l’on connaît maintenant.

C’est donc en valorisant socialement la prévention qu’on est parvenu à induire ce changement des mentalités de la même façon qu’on y était parvenu à propos d’autres problématiques. Le défi actuel est le même ! Il faut faire en sorte que dans l’esprit des gens, il devienne «in » de se doter de moyens pour faire contrepoids au stress et se prémunir du burn-out sans craindre d’être perçu comme un individu moins performant.

À partir du moment où on aura consensus là-dessus, il y a fort à parier que les entreprises se sentiront pressées d’emboîter le pas dans un tel processus tout comme elles l’ont fait à d’autres égards.

Cela devrait les amener à peaufiner leurs stratégies de prévention du burnout, démontrant par le fait même combien ils considèrent que le capital humain est la richesse première de leur entreprise.

Comment va votre suspension ?

Comment prévenir le burnout et faire contrepoids au stress? (2)*

Dans ce deuxième texte de la série sur le burnout, analysons comment des gens pleins de détermination ont souvent le don de se mettre en situation de faire un burnout.

Pour illustrer cela, j’aurai recours à la même image que j’utilisais dans mon travail clinique auprès de gens venus consulter pour différents types de problèmes reliés plus souvent qu’autrement à l’anxiété de performance.

Comme plusieurs d’entre eux étaient dans le milieu des affaires, j’en suis arrivé à leur trouver un bon nombre de points communs que je résumerai de la façon suivante.

Le modèle Formule I

Les performants se comportent souvent comme des Formule I, vous savez ces bolides évoluant sur le circuit du monde des affaires, là où la compétition est omniprésente. Ce sont des gens d’action (ils ont un gros moteur), dotés d’une ferme volonté de réussir (leur transmission) et qui visent à être toujours meilleurs, les plus performants.

L’embêtant, comme je l’ai souvent constaté en consultation, c’est que la majorité d’entre eux sont portés à sous-estimer les autres volets de leur dynamique personnelle qui pourraient en quelque sorte jouer le rôle de (suspension), pour leur procurer plus de souplesse.

Cela pourrait certainement contribuer à réduire leurs niveaux de tension. On pourrait pousser encore plus loin l’analogie avec les voitures de course en pensant que le fait d’améliorer leur flexibilité (aérodynamisme) devrait permettre de réduire leurs résistances à l’environnement.

Malheureusement, bien des gens du monde des affaires, et plus particulièrement les adeptes de la culture de motivation, n’ont pas évolué comme les responsables du circuit de la Formule I l’ont fait.

Plusieurs en sont restés aux mêmes sermons qu’ils prêchaient dans les années ’60 et ’70, soit des slogans comme : « vas-y, t’es capable ! lâches pas ! si tu veux, tu peux ! » et toutes les autres formules du genre. En un mot, ils ont continué à tout miser sur le moteur des gens.

Or tout le monde sait bien que, quelle que soit la force du moteur et la puissance de la transmission, si on doit négocier certaines courbes de la vie avec une suspension qui est mal ajustée, on risque de se retrouver rapidement dans le décor (burnout). En d’autres termes, il n’y a pas que le moteur et la transmission sur lesquels on doit se concentrer.

La recette ne serait-elle pas plutôt d’identifier, de développer et de miser sur ses autres forces, ses autres traits de personnalité comme on l’a mentionné (autres pièces de son bolide), pour se retrouver avec une dynamique mieux équilibrée et surtout moins sensible aux changements comme aux imprévus ?

C’est l’évidence même. C’est d’ailleurs justement en intervenant dans ce sens que j’ai élaboré la majorité de mes interventions cliniques.

notre mécanique psychosomatique

Ce qui revient à dire qu’on a avantage à commencer par identifier nos traits de caractère et les éléments de notre personnalité qui constituent les principaux éléments de notre dynamique personnelle (notre bolide).

Ainsi par exemple, à partir du moment où quelqu’un se rend compte qu’il mise beaucoup sur sa transmission pour performer, il aura avantage à intégrer le fait que cette volonté a des limites au-delà desquelles sa fougue risque de s’avérer contreproductive (dangers de brûler le moteur).

Car chez l’humain, il y a bien des secteurs d’activité où l’expérience nous démontre que parfois : « plus tu veux, moins tu peux ! ». Et c’est là qu’il vaut mieux avoir une bonne suspension pour s’ajuster aux changements et surtout être capable d’attaquer les courbes autrement.

D’où l’importance de cultiver les autres composantes de sa personnalité qui deviendront vite des atoûts pourvu qu’on développe ses habilités à les utiliser à notre profit.

L’être humain équilibré est donc une combinaison de trois dimensions, soit la raison, les émotions et les sensations. Et c’est précisément l’interaction harmonieuse des ces trois composantes qui nous permet d’être équilibré.

Les nombreux déséquilibres qui sont à l’origine de la majorité de nos problèmes proviennent d’ailleurs du fait qu’on s’efforce de subordonner ces deux dernières aux impératifs de la première par son corollaire qui est la volonté; et c’est précisément comme cela qu’on se retrouve en déséquilibre parce qu’on bloque leur synergie. Bref, inutile de chercher ailleurs d’où proviennent nos problèmes psychosomatiques.

il n’y a pas que le moteur qui compte

Vous en doutez ? En voici la preuve. Qui oserait nier qu’il existe une interaction directe entre les idées qui nous traversent l’esprit, les émotions qu’elles nous procurent et les sensations qui en résultent ?

Ainsi par exemple, s’il est vrai que la décision de relever un défi peut procurer de belles excitations parfumées à l’adrénaline, personne osera nier que cela puisse en même temps avoir un impact sur notre système digestif et même affecter notre sommeil pendant un jour ou deux. La chose est à la fois fort probable et tout à fait compréhensible.

Or, il y a des individus qui feront tout pour l’ignorer et ne pas en tenir compte (d’où leur stress non désamorcé) alors que d’autres en reconnaitront la l’existence et feront en sorte de composer avec cette réalité passagère par exemple, en prenant un repas plus léger tout simplement.

Alors que les premiers tiennent à tout contrôler en niant ces sensations somme toute normales de peur qu’une attitude de souplesse soit perçue comme une preuve de faiblesse, il est clair que le système nerveux et par conséquent l’équilibre psychosomatique et la qualité de vie des seconds seront moins affectés.

qu’est-ce qui nous fait vibrer ?

En fait, plus qu’une simple question de comportement, c’est d’abord et surtout une affaire de valeurs. Qu’est-ce qui nous fait vibrer, qu’est-ce qui nous inspire ou encore nous apaise ?

Quelle place accorde-t-on au travail dans notre vie, et pourquoi ?

Dans quelle mesure est-ce que je me sens à l’aise et bien outillé pour prendre soin de mes tensions, pour faire contrepoids au stress et pour me prémunir contre le burnout ?

Viennent ensuite des questions d’attitude. Comment compose-t-on avec tous les changements qui se produisent autour de nous ? Où en sommes-nous par rapport à notre élans d’enthousiasme, à cette capacité de s’émerveiller et plus encore de s’identifier à son œuvre; voilà de belles alternatives de motivation !

la motivation, c’est comme des vitamines

Autant de façons de nous inspirer et de nous stimuler sans qu’il faille toujours recourir à l’adrénaline. Non pas que la chose soit mauvaise en soi mais la motivation, c’est comme les vitamines; il faut savoir alterner la source et surtout en modifier la dose.

Sans quoi, on s’y habitue et en peu de temps, cela a de moins en moins d’effet. Tous les gens qui ont assez souvent entendu des discours de motivation vous le diront : ça sent le réchauffé.

importance de faire un temps d’arrêt

D’où l’importance pour chacun de nous de faire un temps d’arrêt afin d’évaluer notre capacité à tirer profit des diverses ressources de notre dynamique personnelle à part cette sempiternelle histoire de volonté.

Il est fort possible que dans un premier temps, on ait du mal à les identifier, faute d’habitude. Que voulez-vous, on ne nous a pas entrainé à cela ! Mais il est aussi fort probable qu’on ressente des hésitations à les utiliser, habituellement parce qu’on les connaît mal et surtout, parce qu’on ne nous a jamais montré comment en tirer profit.

Or, heureusement que ce sont là des habilités qui se développent. À quoi cela sert d’avoir un coffre plein d’outils si on n’est pas à l’aise pour s’en servir ? D’autant plus que les modes d’emploi ne sont pas si compliqués que cela à maîtriser !

C’est d’ailleurs précisément l’objectif des sessions de formation que je recommencerai à offrir à compter de janvier 2006.

Pour plus d’informations sur ces sessions, sur les thèmes abordés, leurs formats et autres questions de logistiques, je vous invite à consulter mon site Web dont vous trouverez l’addresse plus bas.


(*ce texte est le second d’une série de 7 ou 8 articles qui ont pour objectif de présenter des suggestions concrètes pour nous aider à prévenir le burnout, quel que soit notre rôle ou notre fonction dans la vie car on sait bien que l’épuisement de nos forces personnelles n’affecte pas que les gens dans le milieu du travail.
Veuillez noter que l’essentiel des propos tenus dans tous ces textes à venir sont tirés de mon volume : Les gens épanouis… réussissent mieux ! , disponible soit en librairie ou directement par la poste à partir de mon site web).

Comment prévenir le burnout et faire contrepoids au stress *

1- L'Être Humain Équilibré et sa dimension psychosomatique

Le burnout, tout le monde en parle ! Pourtant, il faut savoir que le terme n’existait même pas il y a une cinquantaine d’années. Cela nous est venu progressivement avec la disparition de la Civilisations des Loisirs et l’arrivée de la culture de performance. Et c’est rapidement passé d’un phénomène d’exception à une manifestation de plus en plus répandue. Alors si c’est ça le progrès, on repassera !

La prévention du burnout et de l’épuisement personnel

Entendons-nous tout d’abord sur une chose. Contrairement à ce qu’on pouvait affirmer il y a une trentaine d’années, le fait de se retrouver au bord de l’épuisement (en burnout) n’est plus l’apanage des gens qui sont sur le marché du travail. À preuve, combien d’étudiants se disent à bouts de nerfs, d’adolescents qui se sentent dépassés par la vie ou alors d’aînés qui se disent bousculés à de nombreux égards.

Tous ces gens sont susceptibles de craquer un jour ou l’autre et donc de se retrouver sur le bas du dos (!), mais pas pour les mêmes raisons. Pour certains, c’est la vie professionnelle qui les siphonne alors pour d’autres, leurs tensions proviennent d’ailleurs. Afin de bien départager les stress issus du milieu corporatif des autres tensions de la vie courante, j’utiliserai toujours les termes « épuisement personnel » pour faire référence aux contextes qui ne sont pas directement reliés à des tensions résultant fondamentalement du milieu professionnel.

Burnout ou désarroi personnel et professionnel

Par contre, comme je l’ai souligné à maintes reprises (voir « Des burnout qui n’en sont pas vraiment.. ») en ce qui concerne le milieu de travail, il importe de faire une distinction entre le burnout et le désarroi personnel et professionnel, le premier étant directement relié à la définition de tâche alors que le second découle davantage de ce que je codifie comme étant la culture du milieu.

Cette distinction facilite le diagnostique et est d’autant plus pertinente qu’elle aide à mieux cibler l’intervention clinique. On évitera de la sorte de retourner au boulot des gens mal traités et qui font une rechute, souvent entre autres parce que leur colère sous-jacente est restée en suspens (on y reviendra dans un autre texte).

L’être humain équilibré

La toute première chose qu’il faut absolument s’ancrer dans la tête si on veut réellement commencer à réduire les tensions qui épuisent notre système nerveux, faisant ainsi de nous de bons candidats au burnout, c’est qu’on est des êtres humains et non des robots. Aussi simpliste que cet énoncé puisse paraître, il est lourd de conséquences puisqu’il permet d’établir que nous n’avons pas à nous sentir en compétition pour atteindre les mêmes résultats.

S’il est indiscutable que les ordinateurs sont beaucoup plus rapides et plus résistants que nous pour exécuter une foule de tâches, on sait par contre qu’ils sont incapables de s’enthousiasmer devant un projet ni de se réjouir suite à une victoire; en un mot, ils n’ont aucune émotion.

De notre côté, il suffit d’observer combien, au lendemain d’un beau moment de tendresse, les gens ont les idées claires et de l’enthousiasme à fleur de peau. Même s’ils ont encore les yeux plissés, leur attitude semble vouloir dire : « Amenez-en des dossiers ! »

Voilà ce qui nous distingue, notre coté humain. Et vive la différence !

Alors cessons de gaspiller nos énergies à essayer de rivaliser sur un terrain qui n’est pas le nôtre et concentrons-nous sur ce qui nous distingue et là où sont nos forces ; notre dimension psychosomatique avec toutes les ressources que cela comporte.

Notre dimension psychosomatique

L’être humain est un être psychosomatique, c’est-à-dire qu’il est un alliage de deux entités à la fois distinctes et complémentaires, le corporel et le mental. C’est cette bipolarité qui s’actualise dans nos trois composantes (raison / émotions / sensations) qui fait toute notre richesse et notre force, à condition évidemment qu’on leur permette d’interagir et de se compléter.

Tout le monde cherche à se sentir équilibré. Or, l’équilibre tant souhaité n’est possible que dans la mesure où on laisse interagir nos trois composantes au lieu de toujours tout vouloir contrôler par l’une d’entre elles (la volonté) au détriment des deux autres, sous prétexte que ce sont là des sources de ramollissement, tout cela évidemment parce qu’on ne sait pas trop comment composer avec elles. Voilà l’erreur.

Et la solution, ce n’est pas de se tenir loin de nos émotions parce qu’on n’est tellement pas habitué de fonctionner avec elles qu’on ne sait trop comment les intégrer, tant et si bien qu’on préfère les laisser de côté, mais avec l’espoir de faire mieux la prochaine fois.

Ce n’est pas la solution parce qu’en réagissant de la sorte, on se prive des deux tiers de notre potentiel. Faut-il se surprendre qu’on s’épuise plus vite et qu’on soit souvent au bord du burnout ?

La solution ? Elle est toute indiquée ! On doit revenir à la base, se familiariser avec nos propres richesses (voir les trois composantes psychosomatiques) et réapprendre à les utiliser de manière profitable au lieu de s’en méfier comme si ce n’étaient que des sources de faiblesses.

Comment composer avec nos émotions au lieu de chercher à les refouler, voilà le genre de choses qu’on aurait du nous apprendre à l’école ! Mais il n’est jamais trop tard pour se reprendre… et, prenez-en ma parole, cela s’apprend ! Alors, à chacun d’y voir.

Pourquoi c’est important ? Parce qu’à partir du moment où quelqu’un cesse de se méfier de ses propres composantes émotives ou sensorielles ou de les voir comme des zones d’inconfort, il commence à vouloir les utiliser pour se ressourcer au lieu de chercher à se cacher ses propres tensions nerveuses à coups de motivation et de cassettes de pensée positive!

Bref, si la volonté de se pousser à se dépasser et à performer a du bon, elle a aussi ses limites et la prolifération des cas de burnout en est la preuve. On a trop souvent tendance à oublier qu’en certaines instances, plus on veut… moins on peut ! Mais il y a tellement de détours possibles pour arriver à ses fins.

Tel sera donc le sujet de notre prochain texte : après avoir constaté les limites du volontaire qui ne parvient pas vraiment à nous protéger du burnout, on verra quelles sont les autres volets de notre dimension psychosomatiques et comment on peut se mettre en phase de mieux en tirer profit pour faire contrepoids au stress et surtout se prémunir face au burnout.

Faut-il aimer son travail pour être heureux ?

09 août 2005

Il n’y a aucun doute que tous ceux qui ont la possibilité d’exercer un métier qui leur plait et surtout de le faire dans un cadre qui soit à la fois enrichissant et valorisant jouissent de conditions idéales.

Mais de là à penser qu’il faut cela pour être heureux, c’est un peu comme dire qu’il est faut être beau, jeune, riche et en santé pour avoir du succès dans la vie. Nul doute que ce sont là de gros avantages. Si on commence à croire que telles sont les conditions du succès et donc du bonheur, autant dire adieu la planète pour le commun des mortels!

Le travail, un moyen et non une fin en soi

Le travail occupe une place importante dans nos vies, ne serait-ce que par le temps qu’on y consacre. Mais il faudrait voir si on n’a pas eu tendance à en exagérer l’impact, surtout depuis qu’on a tourné le dos à la Civilisation des Loisirs pour célébrer la culture entrepreneuriale et faire de l’ambition le nouveau leitmotiv de l’existence, voire même le critère de qualité de vie qu’on associe au bonheur.

Aurions-nous perdu de vue le fait que pour une personne équilibrée, le travail est sensé constituer un moyen d’accomplir des choses tout en gagnant sa vie et non pas une fin en soi. Le bonheur résulte de ce qu’on est comme personne, avec notre capacité de vibrer et d’aimer, notre ouverture au monde et à la vie qui nous entoure, bien plus qu’à partir de ce qu’on peut accomplir au bureau; c’est d’ailleurs ce que les workaholics n’arrivent pas à réaliser.

Pour ceux qui en douteraient, je vous invite à faire l’expérience suivante. Demandez à un jeune couple en attente d’un nouveau poupon ce qu’ils souhaitent pardessus tout pour leur bébé.

Combien, pensez-vous, répondront qu’ils espèrent avoir un futur directeur de banque, ou une brillante avocate, ou encore qu’ils souhaitent que leur rejeton gagne des millions comme vedette de hockey? Aucun.
Parions plutôt que leur premier vœu sera que le bébé soit en santé. Ensuite, ils parleront de leur espoir que l’enfant grandisse bien et qu’il soit heureux dans la vie, quelle que soit son occupation.

Comme quoi l’équation entre épanouissement dans la vie professionnelle et bonheur ne fait pas systématiquement partie de nos valeurs, du moins au départ ! Et pour tous ceux qui croient bon de garder au moins un pied sur terre, il faut se rendre à l’évidence qu’il est possible d’être heureux dans la vie sans pouvoir toujours faire à sa tête, ni uniquement ce qui nous plaît. Il en va de même du travail !

Autre temps, autres mœurs

Nous ne sommes plus à l’époque où un individu pouvait entreprendre des études puis travailler dans le domaine de son choix et progresser sans aucun dérangement dans son plan de carrière tout en étant assuré d’une retraite en toute tranquillité d’esprit, grâce à la stabilité et à la reconnaissance de l’entreprise pour laquelle il a oeuvré.

Depuis nombre d’années déjà, plusieurs diplômés (à l’exception de ceux qui ont été dirigés dans un secteur technologique de pointe) n’ont qu’une infime chance d’œuvrer dans le secteur de leurs études. Plusieurs d’entre eux doivent composer avec les postes disponibles, souvent très différents de ce qu’ils souhaitaient faire comme travail.

Et que dire de ceux qui n’ont pas fait d’études universitaires, quoique dans bien des cas, ce ne soit ni pire, ni mieux !

Aimer son travail…

On sait, grâce au sondage récent mené par l’une des plus grandes sociétés de conseiller en management au monde ( groupe Towers Perrin), que plus de la moitié des travailleurs en Amérique du Nord ne sont pas heureux dans leur vie professionnelle. Ils sont soit surexploités, sous-estimés ou inquiets face à leur avenir alors que d’autres se disent las de faire l’ouvrage qu’on leur confie

Pensons au gardien de sécurité qui passe la nuit à faire ses rondes ou encore à ces préposés aux marchandises qui, soir après soir, doivent regarnir les tablettes du supermarché pour que les étalages soient attrayants et les produits disponibles à la clientèle le lendemain matin. Et ceci est vrai à tous les niveaux. Des professeurs de mathématique ont dû accepter d’enseigner l’Anglais ou la Géographie pour compléter leur charge d’enseignement.

Même chose pour ces notaires qui, après avoir dû fermer leur greffe au milieu des années ’80 parce que la conjoncture faisait en sorte qu’ils n’arrivaient plus à en vivre décemment, ont tenté de se recycler dans l’immobilier ou l’assurance, croyant y voir une certaine parenté avec leur ancienne profession et donc des conditions aidantes pour leur faciliter cette transition.

Or Dieu sait qu’il n’est pas donné à tout le monde de se sentir à sa place dans cet univers particulier de la vente et de la prospection. Chose certaine, ils n’auraient jamais fait de tels choix de carrière de prime abord compte tenu de leur personnalité. C’est dire que bien des gens se retrouvent à faire un boulot dans lequel ils sentent plus ou moins à leur place.

Évidemment, il est facile de déclarer qu’ils n’ont qu’à changer d’emploi s’ils ne sont pas heureux dans ce qu’ils font. Ce serait tellement plus simple.
Réalisons cependant que dans bien des cas, ils en sont rendus à leur deuxième ou leur troisième poste en quelques années. Convenons qu’il y a une limite à ce qu’on peut avoir comme goût, d’autant plus qu’ils doivent finalement composer avec ce qui leur est accessible.

Alors, sérieusement, comment pensez-vous que ces gens peuvent se sentir intérieurement quand, lors d’une session de formation ou dans des « sales meeting », on répète presque à chaque fois que pour réussir et être heureux dans la vie, il faut aimer ce qu’on fait ?

J’en ai entendu plus d’un dire qu’ils prenaient cela comme la confirmation qu’encore une fois, ils n’étaient pas à leur place. Convenons qu’à la longue, cela peut finir par être décourageant. Est-ce à dire qu’il faut devenir défaitiste pour autant ? Absolument pas, bien au contraire. Ce qu’il faut, c’est changer son fusil d’épaule.

L’important, c’est d’y croire

Tout d’abord, il faut cesser de miser sur des formules qu’on voudrait magiques et revenir à la réalité. Premièrement, comme on l’a déjà mentionné, on ne fait pas que ce qu’on aime dans la vie et cela n’a jamais fait mourir personne. Ensuite, et c’est ce qui compte pardessus tout pour donner un sens à notre travail ou nous ragaillardir quand on a un passage à vide, c’est qu’il est nécessaire de croire en l’importance de ce qu’on fait.

Bien sûr, il est fort probable que le préposé aux marchandises n’arrive jamais à aimer le geste de remplir des étalages. On peut aussi comprendre qu’avec tous les chambardements survenus dans le milieu de l’enseignement, tant au niveau des matières académiques que dans le climat des relations élèves-professeurs, plusieurs enseignants aient de la difficulté à continuer de voir leur cheminement de carrière comme ils l’avaient envisagé quand ils étudiaient en pédagogie.

Alors, ce qu’il faut pour les aider à garder la motivation nécessaire à passer pardessus certaines déceptions et les encourager à faire leur boulot au meilleur d’eux-mêmes, c’est qu’ils continuent à croire en la nécessité et la valeur du service qu’ils rendent: éduquer les jeunes, leur donner le goût de développer leur potentiel, etc. Et il en est de même de tous les autres boulots qui nécessitent efforts et constance.

Évidemment, c’est facile d’aimer ce qu’on fait quand les affaires vont bien! Mais quand le quotidien semble plus lourd à supporter, on a besoin de pouvoir se raccrocher à du solide et c’est alors que nos convictions ont plus d’impact que de simples souhaits.

C’est qu’on touche alors au cœur de ce qui nous incite à performer, soit le goût d’être fier de soi, de se sentir satisfait et de vibrer. Or, n’est-ce pas justement ce qui se produit quand on agit par conviction ?

Les gens épanouis... réussissent mieux!

21 juin 2005


Voici mon premier volume.

Son contenu ? En peu de mots : il faut faire en sorte de retrouver la mesure de l'humain.. car on est de plus en plus nombreux à brûler la chandelle par les deux bouts à force de vouloir tout faire.

Tout le monde parle de trouver un meilleur équilibre mais voilà, qu'est-ce qui fait qu'on soit une personne équilibrée ? Et surtout, comment fait-on pour y arriver?

La stratégie de base que j'y suggère mise sur le développement de notre capital psychosomatique en mettant à profit autant nos émotions et nos sensations que notre raison.

D'ailleurs, n'est-il pas vrai qu'après un beau moment de tendresse, on a le goût de crier "Amenez-en des dossiers!"

Lire le synopsys >> (PDF)


Publié en 2003 aux Éditions Quebecor, Montréal - ISBN 2764007310

attention : si le volume n'est plus disponible en librairie dans votre région vous pouvez vous le procurer directement en communiquant avec l'auteur via son site web :

www.andregareau.com




Gérer le stress et se prémunir du burnout

21 juin 2005

Qu'est-il advenu de cette fameuse Civilisation des Loisirs dont tout le monde parlait? On s'affaire, on court, le stress est omniprésent dans nos vies.

Tout cela provoque de l'anxiété et de nombreuses difficultés psychosomatiques (maux de dos et du cou, mauvaise digestion, troubles du sommeil et de concentration, etc.) qui font la fortune des vendeurs de pilules ou des promoteurs de cassettes de pensée positive!

Les gens sont essoufflés de vivre à ce rythme et plusieurs se prennent à souhaiter des changements majeurs, autant à leur agenda que dans leur style de vie. Chose certaine, on a besoin d'exutoires valables, c'est-à-dire des moyens efficaces pour faire contrepoids au stress et surtout mieux se prémunir du burnout.

Chacun sait qu'il vaut mieux prévenir que guérir pour préserver son équilibre et sa qualité de vie. Mais voilà, comment y arriver?

Je vous propose par ce blogue plusieurs articles et pensées et vous invite à l'échange et au partage de vos commentaires.

N'oubliez pas de visiter mon site Web à www.andregareau.com.