mercredi, février 08, 2006

Comment prévenir le burnout et faire contrepoids au stress *

1- L'Être Humain Équilibré et sa dimension psychosomatique

Le burnout, tout le monde en parle ! Pourtant, il faut savoir que le terme n’existait même pas il y a une cinquantaine d’années. Cela nous est venu progressivement avec la disparition de la Civilisations des Loisirs et l’arrivée de la culture de performance. Et c’est rapidement passé d’un phénomène d’exception à une manifestation de plus en plus répandue. Alors si c’est ça le progrès, on repassera !

La prévention du burnout et de l’épuisement personnel

Entendons-nous tout d’abord sur une chose. Contrairement à ce qu’on pouvait affirmer il y a une trentaine d’années, le fait de se retrouver au bord de l’épuisement (en burnout) n’est plus l’apanage des gens qui sont sur le marché du travail. À preuve, combien d’étudiants se disent à bouts de nerfs, d’adolescents qui se sentent dépassés par la vie ou alors d’aînés qui se disent bousculés à de nombreux égards.

Tous ces gens sont susceptibles de craquer un jour ou l’autre et donc de se retrouver sur le bas du dos (!), mais pas pour les mêmes raisons. Pour certains, c’est la vie professionnelle qui les siphonne alors pour d’autres, leurs tensions proviennent d’ailleurs. Afin de bien départager les stress issus du milieu corporatif des autres tensions de la vie courante, j’utiliserai toujours les termes « épuisement personnel » pour faire référence aux contextes qui ne sont pas directement reliés à des tensions résultant fondamentalement du milieu professionnel.

Burnout ou désarroi personnel et professionnel

Par contre, comme je l’ai souligné à maintes reprises (voir « Des burnout qui n’en sont pas vraiment.. ») en ce qui concerne le milieu de travail, il importe de faire une distinction entre le burnout et le désarroi personnel et professionnel, le premier étant directement relié à la définition de tâche alors que le second découle davantage de ce que je codifie comme étant la culture du milieu.

Cette distinction facilite le diagnostique et est d’autant plus pertinente qu’elle aide à mieux cibler l’intervention clinique. On évitera de la sorte de retourner au boulot des gens mal traités et qui font une rechute, souvent entre autres parce que leur colère sous-jacente est restée en suspens (on y reviendra dans un autre texte).

L’être humain équilibré

La toute première chose qu’il faut absolument s’ancrer dans la tête si on veut réellement commencer à réduire les tensions qui épuisent notre système nerveux, faisant ainsi de nous de bons candidats au burnout, c’est qu’on est des êtres humains et non des robots. Aussi simpliste que cet énoncé puisse paraître, il est lourd de conséquences puisqu’il permet d’établir que nous n’avons pas à nous sentir en compétition pour atteindre les mêmes résultats.

S’il est indiscutable que les ordinateurs sont beaucoup plus rapides et plus résistants que nous pour exécuter une foule de tâches, on sait par contre qu’ils sont incapables de s’enthousiasmer devant un projet ni de se réjouir suite à une victoire; en un mot, ils n’ont aucune émotion.

De notre côté, il suffit d’observer combien, au lendemain d’un beau moment de tendresse, les gens ont les idées claires et de l’enthousiasme à fleur de peau. Même s’ils ont encore les yeux plissés, leur attitude semble vouloir dire : « Amenez-en des dossiers ! »

Voilà ce qui nous distingue, notre coté humain. Et vive la différence !

Alors cessons de gaspiller nos énergies à essayer de rivaliser sur un terrain qui n’est pas le nôtre et concentrons-nous sur ce qui nous distingue et là où sont nos forces ; notre dimension psychosomatique avec toutes les ressources que cela comporte.

Notre dimension psychosomatique

L’être humain est un être psychosomatique, c’est-à-dire qu’il est un alliage de deux entités à la fois distinctes et complémentaires, le corporel et le mental. C’est cette bipolarité qui s’actualise dans nos trois composantes (raison / émotions / sensations) qui fait toute notre richesse et notre force, à condition évidemment qu’on leur permette d’interagir et de se compléter.

Tout le monde cherche à se sentir équilibré. Or, l’équilibre tant souhaité n’est possible que dans la mesure où on laisse interagir nos trois composantes au lieu de toujours tout vouloir contrôler par l’une d’entre elles (la volonté) au détriment des deux autres, sous prétexte que ce sont là des sources de ramollissement, tout cela évidemment parce qu’on ne sait pas trop comment composer avec elles. Voilà l’erreur.

Et la solution, ce n’est pas de se tenir loin de nos émotions parce qu’on n’est tellement pas habitué de fonctionner avec elles qu’on ne sait trop comment les intégrer, tant et si bien qu’on préfère les laisser de côté, mais avec l’espoir de faire mieux la prochaine fois.

Ce n’est pas la solution parce qu’en réagissant de la sorte, on se prive des deux tiers de notre potentiel. Faut-il se surprendre qu’on s’épuise plus vite et qu’on soit souvent au bord du burnout ?

La solution ? Elle est toute indiquée ! On doit revenir à la base, se familiariser avec nos propres richesses (voir les trois composantes psychosomatiques) et réapprendre à les utiliser de manière profitable au lieu de s’en méfier comme si ce n’étaient que des sources de faiblesses.

Comment composer avec nos émotions au lieu de chercher à les refouler, voilà le genre de choses qu’on aurait du nous apprendre à l’école ! Mais il n’est jamais trop tard pour se reprendre… et, prenez-en ma parole, cela s’apprend ! Alors, à chacun d’y voir.

Pourquoi c’est important ? Parce qu’à partir du moment où quelqu’un cesse de se méfier de ses propres composantes émotives ou sensorielles ou de les voir comme des zones d’inconfort, il commence à vouloir les utiliser pour se ressourcer au lieu de chercher à se cacher ses propres tensions nerveuses à coups de motivation et de cassettes de pensée positive!

Bref, si la volonté de se pousser à se dépasser et à performer a du bon, elle a aussi ses limites et la prolifération des cas de burnout en est la preuve. On a trop souvent tendance à oublier qu’en certaines instances, plus on veut… moins on peut ! Mais il y a tellement de détours possibles pour arriver à ses fins.

Tel sera donc le sujet de notre prochain texte : après avoir constaté les limites du volontaire qui ne parvient pas vraiment à nous protéger du burnout, on verra quelles sont les autres volets de notre dimension psychosomatiques et comment on peut se mettre en phase de mieux en tirer profit pour faire contrepoids au stress et surtout se prémunir face au burnout.

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